Le Bois Gautier
& son village

 
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Le Bois Gautier, aujourd'hui est le bois de tous les Avonnais.

Bois des enfants, il est le lieu de leur premier contact avec la nature et l'imaginaire ancestral de la forêt.

C'est là que leur rêverie projette les histoires des contes et des légendes.
Ces récits nourrissent leur esprit, les éveillent au monde et, même, il n'est pas quelque frayeur passagère qui ne leur soit profitable

Bois familial, il doit être accueillant à tous les âges de la vie, il accompagne la mélancolie de l'âge, l'enthousiasme du coureur s'entraînant, le songe du pêcheur et la contemplation des promeneurs amoureux ou solitaires.

Bois utile, il abrite aujourd'hui des jardins ouvriers.

 

 

Le bois de l'enfance
- Contes et initiations -

Le loup attend le "Petit chaperon rouge" au coin du bois ; le "Petit poucet" et ses frères y sont abandonnés ; "Blanche neige" y est conduite par le chasseur ; c'est en fagotant que la mère de "Jean de l'ours" est enlevée par l'ours.

Si les contes, conservés par la tradition orale, sont impossibles à dater au regard de l'histoire ; s'ils durent perdre quelques-uns de leurs traits les plus saillants ; ou, parfois, s'augmentèrent de traits spécifiques ou anecdotiques, selon l'époque et la région ; un élément leur est toujours consubstantiel, la forêt.

Il n'est quasi pas de conte sans traversée de forêt et le plus souvent c'est cette traversée qui marque le vrai commencement du conte. C'est au bois qu'apparaissent pour la première fois la féerie des vieilles sorcières, celle des ogres, celle des animaux parlants, celle des saints en retraite. La forêt et le conte se confondent.

Comprendre la forêt, c'est comprendre le conte et inversement comprendre le conte, c'est comprendre la forêt ou plus exactement les relations entre les humains et celle-ci.

La forêt et le lieu de l'initiation subie par les jeunes gens et les jeunes filles. Les rites initiatiques, s'exécutaient en forêt (si le pays l'autorise), parfois dans une cabane ou une grotte.

Les épreuves, essentiellement physiques, trouvaient un terme en une mort symbolique d'où le jeune renaissait sous forme adulte.
Il est inutile de rapporter ces contes à un stade archaïque de la société car ils continuent d'y vivre. Il n'est que de remarquer l'impact du cinéma qui les représente au passé (Le seigneur des anneaux, Willow, etc…) ou les projette dans un futur sans date, sorte de "présent éternel" (Star war, Starship troopers, etc…).
Dans ces exemples, passé et futur sont imaginaires, même si ces contes ont un souci de cohérence, celle-ci reste propre au récit sans souci du monde extérieur.

Ils peuvent aussi se décliner au "présent immédiat" (par opposition au "présent éternel") ils sont alors être la matière d'un récit initiatique et éducatif. C'est le cas célèbre du "Tour de France par deux enfants" qui servit de livre de lecture des enfants de France (Cour Moyen) pendant soixante-dix ans et plus parfois.
Là, c'est une forme embellie de la réalité sociale qui prend la place du récit d'imagination. Ce conte réaliste débute par une traversée nocturne et terrifiante de la forêt vosgienne, on y trouve même un ermite à figure d'artisan sabotier.

 
 

Les contes se proposent de nous sortir de notre quotidien.

La forêt des contes a de multiples fonctions, on s'y perd (Petit-Poucet), on s'y cache (Blanche-Neige), on y a peur, on y rencontre des bêtes sauvages souvent dangereuses, parfois bienveillantes (Jean de l'Ours), des ogres, de bonnes vieilles et des bûcherons hospitaliers, on y trouve parfois l'amour, un prince charmant délivrant une princesse captive, parfois on peut y vivre en ménage avec les bêtes.
Mais, toujours, on ne fait que d'y passer parfois un siècle symbolique (le temps coulant dans la forêt du conte est indépendant du temps social et de ses pendules) et tous les contes finissent bien. L'âge adulte atteint, on rentre à la maison ou au château.

Dans les contes, la forêt n'est pas présentée comme une collection d'arbres de telle ou telle espèce ; c'est un élément vivant, naturel en soi. La forêt vit comme vivent la terre, la mer ou l'air et ses vents.

La forêt du conte a des propriétés remarquables, on peut y marcher des jours et des ans sans y trouver âme vivante, sans que le temps s'y écoule vraiment, c'est un "temps arrêté" (Sauf la "Belle au bois dormant" qui au bout de cent ans avait "la peau un peu dure" selon Charles Perrault").

L'héroïne ou le héros s'y perdent toujours, on ne peu sortir de cet espace qu'ayant accompli avec bonheur l'épreuve prévue.
La forêt n'abrite pas que des monstres, des sorciers et des sorcières, elle à aussi des habitants utiles.
Habitant une clairière, le bûcheron qui sait les chemins, est souvent sur le passage du héros et c'est chez lui que l'égaré vient frapper.
Plus inquiétants sont les charbonniers aux visages noirs comme celui du diable.
Généralement ils sont installés au plus profond du bois, ils y sont familiers des bêtes sauvages même s'ils ont les mêmes fonctions salvatrices que le bon bûcheron.
L'ermite est le troisième reclus de la forêt, humain et bienveillant (il met en pratique l'écriture sainte) il offre pour un soir une nourriture frugale. Prophète, il annonce les étapes et les épreuves à venir.

La rencontre avec ces personnages prépare le héros à des rencontres de personnages d'une autre nature : Les bêtes sauvages.
Il lui faudra les vaincre ou faire alliance avec eux pour acquérir leurs facultés et leurs pouvoirs, ou encore la faculté de pouvoir se métamorphoser un temps comme un double d'eux.
Aigle, le héros pourra voler au sommet d'une tour inaccessible, fourmi il passera inaperçu des gardiens, lion il pourra combattre victorieusement un horrible dragon.
Parfois ces bêtes viennent, d'elle-même, au moment opportun d'un combat, porter une assistance décisive à notre héros (c'est souvent le remerciement d'une bonne action du héros à l'endroit d'une bête blessée qu'il a secourue).

Ces épreuves forestières conduisent à une acceptation du dénuement, à une perte des notions de temps et d'écarts sociaux, à une fraternisation avec le monde animal.

Mais le but du voyage n'est pas la forêt, elle n'est là que pour être traversée après maints périls vaincus ou surmontés, le héros revient au monde des humains ordinaires.
Cependant deux personnages ne sortent plus de la forêt :

  • Le saint ermite qui a tout abandonné pour se consacrer à la prière. Il y meurt en état de béatitude. Un jour un chevalier blessé, attiré par l'odeur de sainteté, découvre les précieuses reliques guérisseuses. Il les porte jusqu'à la prochaine église.
  • Le chasseur qui cédant à sa passion meurtrière, n'est plus qu'un tueur assoiffé de sang (là le conte devient mythe), c'est ainsi le cas dans "la Belle et la Bête" (Mme de Beaumont).

 

Voici, les structures souples du conte forestier :

L'initiation de cette vie en forêt a armé notre héros.

Il sait maintenant vaincre, par force ou par ruse, le monstre, figure de l'ennemi occasionnel ou héréditaire.

car le destin des hommes est de verser le sang.
Une fois l'ennemi vaincu, il sauvera la jeune fille perdue au fond des bois.

Si le héros est une fille, s'instaurent d'appréciables différences.

Elles ne s'allient pas avec les animaux pour mieux combattre, elles établissent un lien amoureux. Elles s'offrent à la bête comme amante et épouse. Parfois, dès la nuit de noces, la bête se révèle être un prince charmant condamné par erreur, ou par la ruse d'un être maléficieux, à cette métamorphose.
Mais, si la fille demeure en forêt avec un bel animal qui ne se révèle pas être un "prince", le bonheur n'est que provisoire. Dans un monde sans obligation sociale la jeune épousée finit par s'ennuyer et veut revoir sa famille. Alors le rêve d'une éternelle jeunesse s'efface avec brutalité.

Pour les garçons l'épisode forestier est une initiation à la vie de guerrier et au métier de maître, pour les filles une initiation à la vie sexuelle et au métier de mère.
Tous deux auront connu un temps où les rapports avec la nourriture, le temps et l'espace sont, soit inversés, soit déconnectés du reste du monde.

 
 

Un bois accueillant

L'accueil en forêt commence par une forêt accueillante

Les forêts péri-urbaines et les forêts situées dans des zones touristiques (la forêt de Fontainebleau correspond à ces deux critères) assurent la lourde responsabilité de "représenter" toute les forêts pour une société aujourd'hui entièrement citadine ou presque.

L'approche de l'accueil du public ne peut être réduite à l'implantation d'équipements spécifiques, en oubliant qu'elle concerne tout autant, sinon plus, l'évolution des paysages appréciés des visiteurs, l'importance des poids relatifs entre milieux ouverts et milieux fermés, l'équilibre entre uniformité et diversité, l'accès parfois réglementé à des milieux remarquables, la préservation de sites historiques, de sites d'activités particulières comme l'escalade ou simplement curieux (cette liste heureusement ne sera jamais exhaustive).

Il en résulte que s'efforcer de répondre aux demandes du public a des implications directes et impose des sujétions fortes, sur l'ensemble de l'aménagement et des choix sylvicoles.

Ces sujétions seront encore plus fortes si la politique du gestionnaire tente d'influencer la demande.

En tout état de cause, face à des désirs complexes, difficiles à cerner et nécessairement évolutifs, on doit donner une priorités absolue aux options réversibles

Aspects pédagogiques

La fréquentation des forêts publiques est une occasion privilégiée permettant aux visiteurs la découverte du fonctionnement des écosystèmes forestiers, le rôle des hommes dans leur maintien, les gestions variées nécessaires.

En complément, des panneaux pédagogiques, des dépliants résumant l'aménagement en cours, des sentiers d'initiation, des visites thématiques accompagnées, sont des pistes qu'on peut encourager

Toutefois, il faut absolument prendre garde à ne pas créer une "Forêt musée" aves des panneaux partout, de multiples marques peintes à chaque carrefour, sur chaque rocher, sur chaque arbre un peu gros.
La forêt "jardin d'acclimatation" au détriment de la simple naturalité est à proscrire absolument

En forêt, un bon vieux tronc mort, ou un tapis de mousse sont toujours préférables à un banc de fer et béton pour s'asseoir.