dans le recensement de l'année 1664, établi par Barillon d'Amoncourt Grand Maître des Eaux et Forêts sous Colbert. Ce document signale la futaie du Bas Bréau comme très vieille et déjà périssante - circonstance qui, dans les idées sylvicoles actuelles, eut aussitôt déterminé la coupe sombre, ou claire, ou définitive - le nettoyage, l'abattage, la punition de la nature corrigée par l'Ecole. Cependant, Barillon d'Amoncourt respecta les géants du Bas Bréau, qui survécurent en majesté. Et l'on peut se convaincre, après deux siècles et demi, soit en se promenant aux alentours de Barbizon, soit en visitant n'importe quel musée ou galerie du monde, que Barillon d'Amoncourt agit très sagement.
La forêt de Fontainebleau vivait donc intacte et prodigieuse, quand vers 1830, elle eut sa double crise".
Pour savoir à quel point la réalité répond à ce somptueux coloris, le plus simple est de remonter aux sources, d'interroger les forestiers de tous les âges, de rechercher d'après leurs écrits, procès-verbaux de visite, de réformation ou d'aménagement, quel a été le traitement appliqué à la forêt de Fontainebleau aux diverses époques, et de dégager la pensée directrice de ce traitement.
Si l'on s'en tient aux temps modernes, on peut distinguer trois courants d'idées successifs, trois périodes auxquelles correspondent de notables variations dans le mode d'exploitation de la forêt.
-- La première période comprend tout l'Ancien Régime et se prolonge jusqu'au milieu du XIXe siècle.
-- La seconde correspond à la deuxième moitié du XIXe siècle.
-- La troisième est la période actuelle
I- LA FORET SOUS L'ANCIEN REGIME

Sous l'Ancien Régime le traitement appliqué à la forêt de Fontainebleau avait un triple objectif : produire du bois dans l'intérêt de la consommation, procurer des recettes au Trésor, et favoriser l'exercice de la chasse en vue des plaisirs du Roi.
C'est ce que nous explique Barillon d'Amoncourt dans le préambule de son procès-verbal de visite de 1664:

"La forêt de Bière ou Fontainebleau pouvant être à bon titre appelée une des plus considérables forêts du Royaume, tant parce qu'elle est le principal ornement de la Maison royale et château du dit lieu que parce qu'étant conservée et bien aménagée, elle peut donner au public beaucoup de bois et produire au Roi un revenu considérable pour chacun an" (Réformation de 1664, page 258).