La belle ordonnance rêvée par les forestiers du Second Empire s'en est allée en fumée, et leurs successeurs n'ont eu garde de reprendre les mêmes errements. Pendant les dix années qui ont suivi les désastres de 1880, il a fallu panser les blessures de la forêt, suspendre les coupes régulières et exploiter les bois qui avaient péri en si grand nombre.

III - LA FORET ACTUELLE

Cette période de réfection et de réalisation terminée, l'Administration Forestière s'orienta vers une autre méthode de traitement. A ce propos, il convient de dissiper une erreur très répandue chez les artistes, c'est que l'Administration n'aurait à sa disposition qu'une seule méthode, celle du réensemencement naturel ; rien n'est moins exact. L'art du forestier, éminemment éclectique, est tout de souplesse et d'adaptation aux circonstances.

La méthode actuelle inaugurée en fait par l'aménagement de 1892 fut définitivement consacrée par l'aménagement de 1904 qui n'est qu'une révision et un perfectionnement du précédent. Cet aménagement, actuellement en vigueur, marque une nouvelle et très large concession du Service Forestier aux exigences de l'art.
Il maintient la série artistique dont il rectifie légèrement la composition et dont il augmente un peu l'étendue qui se trouve portée à 1589 hectares. Dans cette série, on continue, comme par le passé, de n'asseoir aucune exploitation. La série est placée en dehors des règles culturales ; le Forestier se borne à y assister à une expérience "l'évolution des vieux massifs totalement abandonnés à eux-mêmes". A ce sujet on s'étonne que M. de Souza ait pu écrire ceci : "Sur la forêt d'exploitation, on pourra toujours s'entendre,
mais c'est sur le traitement des séries artistiques qu'on ne s'entend plus". Tout au contraire, c'est dans la série artistique qu'on devrait le mieux s'entendre, à Fontainebleau du moins, puisque les forestiers y ont fait complète abdication de leur technique au profit des artistes. Il n'y aurait d'autre motif de division que la question des arbres morts ; mais c'est là, à la vérité, bien peu de chose. Il importe assez peu aux forestiers - dans la série artistique s'entend - qu'on enlève ou qu'on conserve les arbres morts. C'est l'affaire de goût à débattre entre les artistes. Quand ces derniers se seront mis d'accord sur une solution, le Service Forestier se fera scrupule de la respecter.