Sans sortir de son fauteuil, chacun peut se délivrer de toute inquiétude en considérant certain graphique que le Service Forestier a eu la curiosité d'établir en vue de représenter la variation du produit en argent des coupes de bois assises dans la forêt de Fontainebleau depuis 1793.
Ce graphique montre que pendant les vingt années qui ont précédé l'application de l'aménagement de 1904 (1885 - 1904) le revenu moyen annuel de la forêt a été de 395 000 F ; pour les neuf années qui ont suivi l'application de l'aménagement (1905 - 1913) ce produit moyen tombe à 191 000 F, soit une chute brusque de 200 000 francs. Encore ce revenu moyen se trouve-t-il anormalement augmenté du fait des bois incendiés en 1911 qu'il a fallu réaliser ; défalcation faite de ce produit accidentel, le produit moyen annuel ne serait plus que de 160 à 170 000 francs.
Alors que dans nos régions septentrionales, le taillis sous futaie le plus ordinaire rapporte couramment 25 francs par hectare et par an, la forêt de Fontainebleau qui est à l'état de futaie et aux portes de Paris produit tout juste 11 francs, c'est-à-dire ni plus ni moins qu'un méchant taillis des Pyrénées ou du Plateau Central.
On ne peut trouver de démonstration plus saisissante du caractère "essentiellement conservateur" de l'aménagement de 1904 ; c'est ainsi que l'a qualifié le forestier très avisé qui en est l'auteur et les faits lui donnent amplement raison.
LES GRIEFS ACCESSOIRES :
LA QUESTION DU PIN

Le pin n'a pas le bonheur de plaire aux artistes qui lui reprochent son vert outrageant, ses allures gauches, ses perspectives monotones. Blâmons la nature qui l'a fait ainsi, et plaignons le pin de n'être pas aimé ; car, il n'est aimé de personne, pas même des forestiers. Les forestiers utilisent le pin, mais ils n'ont pour lui aucune véritable tendresse. Ils préfèreraient de beaucoup ne planter que des chênes et des hêtres, essences décoratives qui réunissent tous les suffrages ; mais il arrive à ces princes des arbres de bouder et de refuser leurs services ; force est alors de recourir au pin, Cendrillon sylvestre, toujours prêt à toutes les besognes.