Les corridors biologiques et autres

Corridor écologique, de conservation, de dispersion, coulée verte, corridors d'habitats et paysager, connexion paysagère, corridor fluvial...

Ces termes sont devenus communs, aussi bien dans le domaine de la conservation de la nature, qu'en écologie du paysage et en aménagement du territoire.

On se presse de multiplier, ou de développer, ces couloirs. Mais le manque de cohérence et de clarté qui existe autour de cette termonologie devrait conduire à plus de concertation entre les hommes des différentes disciplines.

Or depuis les dernières années du XXéme siècle les corridors sont présentés comme la panacée des problèmes de conservation des aires protégées classiques généralement non connectées les unes aux autres.

Peut-on, ainsi, concilier la conservation de la biodiversité et le développement durable ?

Des fonctions écologiques sont attribuées aux corridors. Les plus communes sont celles d'habitats pour les espèces, de ponts reliant deux écosystèmes semblables sur lesquels la faune et la flore peuvent se déplacer, ou de barrages qui freineraient, jusqu'à parfois stopper, les flux migratoires d'autres espèces.

Dans la communauté des biologistes personne n'est tout à fait d'accord sur ces fonctions ; vieille coutume entre chers confrères et néanmoins amis.

De fait, peu de données sont disponibles pour établir un lien entre les théories qui justifieraient ces corridors et les données empiriques de terrain collectées à différentes échelles d'investigation concernant, en particulier, leurs tailles appropriées et leur éfficacité.

Chaque corridor se différencie selon la manière dont les espèces l'utilisent et l'échelle de temps et d'espace considérée.

Une importante littérature montre les effets positifs des corridors sur les flux d'animaux, mais porte très rarement sur les flux de gènes effectifs -variabilité génétique ou non des populations d'une espèce le long d'un corridor- qui permettraient aux espèces de s'adapter sue le long terme.

Cette même littérature ignore absolument le rôle potentiel des corridors dans la transmission des nuisibles, des prédateurs, des espèces invasives et surtout des maladies.

Comparés aux coûts économiques engendrés par leur maintien ou leur restauration et leur mise en place, ces couloirs apportent-ils tant de bénéfices écologiques ?

Peut-on accepter la création de nouveaux corridors sans études suffisantes des impacts et des objectifs ?

En l'absence d'informations valables, le rôle positif d'un corridor n'a véritablement de sens que dans un contexte particulier lié à un paysage et une espèce donnée.

Les conservationnistes considèrent en général qu'un paysage connecté vaut mieux qu'un paysage fragmenté, même si les actions de conservation ont un coût élevé. C'est ce "principe de précaution" qui prévaut dans la plupart des discours des associations qui ne sont pas confronrées à la difficile réalité et aux maigres budgets

L'absence de définitions claires des différents corridors, rend improbable l'obtention des données concrètes à propos d'une ou plusieurs espèces par les gestionnaires qui délimitent et pilotent les corridors de conservation.

La confusion croît d'autant que ce concept s'est développé parallèlement, ou antérieurement, dans d'autres disciplines.

Il existe des corridors de transport concernant l'interconnectivité des marchandises, des corridors économiques qui portent sur la mise en réseau des flux d'information, à proximité de zones urbaines on a utilisé des corridors verts dans l'unique but de contenir la pression des activités humaines, ils deviennent, parfois, des couloirs imprévus pour la faune sauvage.