Gestion et aménagement forestier
(en forêt soumise au régime forestier)

Introduction :
En 1291, Philippe IV le Bel crée l'administration des eaux et forêts.
Dès le XIVème siècle, en France, on se préoccupe de règles d'exploitation forestière, en témoigne le code de Philippe VI de Valois en 1346. Suivra l'édit de Colbert en 1669.
Les "aménagements forestiers" du XVIIème siècle, suivant la "Grande réformation", organisent déjà dans l'espace et dans le temps la préservation des récoltes à venir. C'est de ce temps que datent nos plus beaux joyaux forestiers.

En 1827, le premier code forestier moderne traduit la volonté d'assurer la pérennité de ce patrimoine dans l'ensemble des forêts publiques ou du domaine privé de l'état (On trouve un code des chasses complet dès 1720).
Depuis ce dernier est souvent revu et la jurisprudence attachée est fort conséquente.
résumons d'abord les objectifs de la "Gestion forestière", puis, de ceux-ci, se déduisent le cadre de l'aménagement forestier, les différentes méthodes d'aménagement et les conditions du choix entre elles.

 

Sommaire

Objectifs de la gestion forestière

1.1 La forêt en équilibre avec le milieu,
Choix des essences selon des crières écologiques.
1.2 Structure de la forêt et classes d’âges,
Maintien des équilibres biologiques, premanence des paysages et de l'accueil.
1.3 Âges d'exploitabilité,
Assurer la production maximale de bois.
1.4 Opérations sylvicoles appropriées,
Favoriser une évolution vers une struture idéale, favoriser la qualité du bois.

Cadre de la gestion forestière, aménagement forestier :

2.1 Nécessité de l’aménagement,
Planification de l'ensemble des actions.
2.2 Principe et consistance du cas le plus général,
Données et analyses des potentiialités et des contraintes, objectifs et directives.
2.3 Méthodes d'aménagement,
Futaie régulière ; futaie jardinée ; aménagement mixte.
2.4 Comparaison des méthodes,
Choix et conditions d’applicaion.

  

  

  

  

  

 
 
 

Objectifs de la gestion forestière :

La forêt a de multiples fonctions qu'on peut classer selon quatre critères:

  1. 1 La conservation des espèces et des patrimoines génétiques, c’est-à-dire la protection du milieu sur des critères biologiques.
  2. 2 La protection des sols et la régularisation du régime des eaux, c’est à dire la protection du milieu sur des critères physiques et de chimie organique.
  3. 3 La production surtout ligneuse, même si toutes sont à considérer.
  4. 4 L'enrichissement du cadre ethnosociologique qui agit sur le sentiment et la réalité du "cadre de vie".

Nota :

  • • Le classement ci-dessus n'est qu'une commodité, ainsi l'exercice de la chasse pourra au choix être classé dans la production ou dans le cadre ethnosociologique.
  • • Les poids relatifs des ces fonctions sont très divers.
  • • On a mit hors critères, pour le présent chapitre, le rôle de la forêt dans le progrès des connaissances extrêmement variées relatives au vivant et aux milieux naturels.

    

    

1.1 Forêt en équilibre avec le milieu

Toute forêt est un ensemble complexe d'espèces animales et végétales, parfois associées, très souvent antagonistes, vivant dans un "équilibre" fragile. Toute modification de cet ensemble peut engendrer une transformation profonde de la flore, de la faune et du sol. Pour s'en convaincre, il suffit de comparer la faune et la flore sous un reboisement de pins maritimes avec celles de feuillus voisins.

Partant le souci de conservation du patrimoine génétique conduit à respecter des équilibres écologiques en s'efforçant de conserver des essences forestières locales, soit intégralement si possible, soit en mélange diffus (essences secondaires), soit localement dans les "réserves de gènes" que sont les réserves biologiques.

Ce maintien des essences indigènes, et en tout cas l'emploi des essences écologiquement les mieux adaptées, apparaît comme une condition nécessaire à la stabilité de la forêt ; car:

  • • Il assure la meilleure résistance aux accidents climatiques.
  • • Il limite les risques d'épidémie et d'attaques massives par des parasites animaux ou végétaux.

Nota :

  1. . Par "essence" il faut entendre non seulement l'espèce végétale, mais encore l'écotype intérieurement à chaque espèce.
  2. . Quelque furent les interventions passées, les essences locales, parfois, ne sont pas à leur place, car elles ont tendances à essaimer spontanément à la périphérie et en dehors de leur milieu d'origine.
  3. .Le recours à des espèces disparues ou n'existant pas localement peut être utile, parfois, pour assurer une meilleure qualité de la production ligneuse ; d'où il faut déduire l'importance capitale de l'étude des facteurs écologiques et du comportement des essences en regard.
 
 
 

1.2 Forêt indéfiniment semblable,
mais non identique, à elle-même
par l'équilibre des classes d'âges.

 

Si on considère l'ensemble des arbres d'un peuplement forestier, si on les répartit selon des classes d'âges égales entre elles, on dit qu'elles sont en équilibre lorsqu'elles occupent des surfaces égales

L'usage, conforté par l'expérience, est de choisir des classes fixes de vingt ans. Il est possible d'avoir des déséquilibres intérieurement a ces classes ; la pratique veut qu'on les néglige.

On doit rechercher l'équilibre des classes d'âges quelle que soit la structure initiale de la forêt, car il place la forêt dans les meilleures conditions pour accomplir avec pérennité les fonctions énoncées ci-dessus.

  • • L'équilibre des classes d'âges assure les conditions les plus favorables au maintien des équilibres biologiques, puisque globalement le milieu reste identique à lui-même, lorsqu'on réalise les classes de bois mûrs pour leur substituer des régénérations.
     
  • • L'équilibre des classes d'âges minimise la majorité des risques naturels de destruction pesant sur la forêt, puisque la plupart d'entre eux ne menacent, alors, qu'une partie réduite de la forêt.
     
  • • L'équilibre des classes d'âges permet le maintien dans le temps des possibilités de récolte des produits ligneux.
     
  • • L'équilibre des classes d'âges assure dans le temps une égale répartition des charges de gestion et de travaux sylvicoles.
     
  • • L'équilibre des classes d'âges, assure une permanence des paysages et des conditions d'accueil puisque la forêt demeure globalement semblable à elle-même. Simplement on devra se méfier dans ce domaine des installations immuables.
     

Pour des raisons multiples, historiques ou accidentelles, beaucoup de forêts sont éloignées de l'équilibre.

Le délai le plus court pour y revenir est donné par la fraction S/A, S étant la surface de la forêt et A l'âge d'exploitabilité vu ci-après (en 1.3).

1.3 Les arbres doivent être récoltés
à "l'âge d'exploitabilité".

C'est en choisissant l'âge où seront récoltés les arbres les plus vieux, qu'on assure une production maximale.

Tout peuplement peut approximativement être considéré comme la juxtaposition de peuplement élémentaires et équiennes (composés d'arbres du même âge), d'âges divers. Le volume de bois d'un peuplement élémentaire homogène et équienne s'accroît jusqu'à la mort des arbres. Cet accroissement annuel augmente avec l'âge, passe par un maximum puis diminue.

La production sera donc au maximum lorsque le cycle assurera le plus grand "accroissement moyen annuel". L'accroissement moyen annuel étant le quotient du volume par le nombre d'années nécessaire pour le produire.
L'accroissement moyen annuel d'un peuplement équienne augmentant avec l'âge du peuplement, jusqu'à un maximum correspondant à un âge A ; c'est l'âge A qui est l'âge d'exploitabilité idéal du peuplement.


Exemple de fixation d'âge d'exploitabilité idéal d’une plantation d’épicéas.
 

Comme le montre l'exemple ci-dessus, une exploitation trop précoce de cette plantation d’épicéas se traduirait par une perte de production (pour une période de 120 ans on pourra obtenir 990 m3/ha en un seul cycle de production, contre 720 m3/ha en deux cycles de production de 60 ans chacun. Il faut ajouter à cette perte de 30% des frais de gestion, d'entretien et de régénération qui doublent presque).

 
 
 

1.4 Les opérations sylvicoles
doivent être appropriées
spécifiquement à une forêt

1.4.1 Les coupes effectuées dans les peuplements tout autant que les récoltes sont des opérations sylvicoles essentielles.
Elles doivent contribuer aux conditions favorables du milieu (éclairement, température, hygrométrie) les plus favorables à la régénération naturelle (fructification, ensemencement, développement des semis) des essences locales ou au semis d'essences adaptées.
>Ces techniques sont, ainsi liées aux conditions écologiques du milieu et au tempérament des essences (et des écotypes), elles sont très variées et sont l'objet de recherches et d'adaptation continues.

Nota : Dans les conditions écologiques il faut inclure, en sus des facteurs physico-chimiques, l'environnement humain, pour maintenir la fonction sociale.

1.4.2 La sylviculture doit assurer une bonne répartition des essences dans un peuplement et notamment des "essences secondaires", nécessaires au maintien des équilibres écologiques.
Le mélange des essences au sein d'un massif est une assurance contre de nombreux risques. Il doit toujours être recherché, même au prix de semis complémentaires et naturellement à l'occasion des dépressages.

1.4.3 La sylviculture assure l'évolution des structures des peuplements vers la structure idéale.
C'est par le choix des modalités des coupes de régénération, qu'on maintient ou fait évoluer la struture.

1.4.4 La structure assure une bonne production de bois d'œuvre en fonction des poids relatifs décidés entre les fonctions forestières.
L'objectif est d'atteindre les meilleurs diamètres à l'âge d'exploitabilité optimum.

 
 
 

Un exemple concret à Fontainebleau

Au départ un peuplement d'épicéas de 400 ares avec un excès de vieux bois qui doit être exploité à 120 ans.
voici l'histogramme de départ :
peuplement épicéa d'origine

Partant de l'histogramme actuel et en régénérant 400 ares tous les 20 ans, on obtient la succession des histogrammes ci-dessous :

À vingt ans

À quarante ans

À soixante ans

 
 
À quatre-vingt ans

À cent ans

À cent vingt ans

 
 
 

Cadre de la gestion forestière,
l'aménagement forestier :

Sa nécessité

L'aménagement décrit les moyens, à mettre en oeuvre, nécessaires pouur atteindres les objectifs de gestion ; tant dans l'espace qu'avec le temps.
Les cycles forestiers, très longs à la mesure de la vie humaine, exigent cohérence et continuité.

Si le document d'aménagement doit être révisé aussi souvent que nécessaire, en pratique une périodicité de 20 ans, sauf accident, est suffisante.

2.2 Principe et consistance
de l'aménagement -Cas général-

Le document contient obligatoirement les parties suivantes:
1) L'ensemble des données d'analyses permettant d'appréhender la valeur du patrimoine, ses potentialités, ses contraintes.
2) L'analyse des peuplements forestiers du massif
3) Une définition des objectifs visés, par les choix des traitements sylvicoles et de leurs durées, par les choix des méthodes d'aménagement proprement dites.

Nota: Parmi les données d'analyses se trouvent à minima :
.Topographie
.Climat
.Géologie et pédologie
.Groupements végétaux et phytosociologie
.Faune
Les données ci-dessus sont l'objet de la cartographie des "stations forestières",
complétées des constats des comportements des essences (croissance, longévité,pathologie, régénérations),
des ressources particulières (flore rare,...),
des vulnérabilités (érosions, incendies,...),
elles mettent en évidence les potentialités de chaque station forestière, souvent nommée "Vocation".

Des directives de gestion
pour la durée de l'aménagement :

choix du traitement sylvicole

Le traitement peut êre défini cmml'organisation des opérations sylvicoles dans chaque parcelle (ou secteur écosystémique).

Il différera selon que des opérations de régénérations sont appliquées en même temps que des opérations d'éclaircie ou non. Ce choix dépend donc à la fois de la structure du peuplement et de la structure recherchée. On a donc :

  • Le traitement en futaie régulière applicable à une structure régulière
  • Le traitement en futaie jardinée applicable à une structure jardinée
  • Le traitement en futaie irrégulière applicable à une structure irrégulière
Le passage d'une structure régulière à une structure jardinée (ou parfois l'inverse) nécessite en général un traitement transitoire en futaie dite "irrégulière" pour lequel on ne peut donner de règle générale.

Choix de la méthode d'aménagement

Schématiquement, la méthode d'aménagement au sens strict est le mode de planification des opérations sylvicoles dans le cadre du traitement retenu.

Voir ci-après les pricipales méthodes

    

 
 
 
 

2.3 Les principales méthodes d'aménagement

Les futaies régulières

Dans toute méthode d'aménagement en futaie régulière, les peuplements (plutôt que les parcelles) sont classés en trois groupes :

"Groupe de régénération" on n'y pratique que des opérations de régénération.

"Groupe de préparation" sur lequel on assoiera, le plud probablement, le groupe de régénération du prochain plan d'aménagement.

"Groupe d'amélioration" où on ne pratique que des opérations d'entretien, d'éclaircie et d'h'hygiène

La décision essentielle concerne la surface à régénérer pendant l'aménagement.
Si l'essence principale a un âge d'exploitabilité optimum A, si la durée de l'aménagement est d, la surface idéale à régénérer "SI" est :

SI= S.d/A
(S étant la surface totale)

Malheureusement l'analyse des peuplements fait souvent apparaître des contraintes, liées souvent au déséquilibre des peuplements. Il faut alors calculer une "surface à régénérer normale" imposée par la plus élevée des contraintes, pour limiter les sacrifices d'exploitabilité.

Une fois la surface à régénérer déterminée, on a deux méthodes possibles :

1) Groupe de régénération strict
La surface à régénérer est égale au résultat de l'équation ci-dessus.

2) Groupe de régénération élargi
La surface sera supérieure de 30 à 90% par rapport à la surface théorique.
Dans cette situation le gestionnaire devra tenir choisir l'emplacement des opérations en fonction des régénération naturelles prévisibles.

Dans les deux cas les coupes sont assises selon un programme d'assiette qui fixe les années de passage sur chaque parcelle (Les volumes indiqués par le plan d'aménagement n'étant que de simples prévisions plus ou moins approximative).

Les futaies jardinées

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Choix de la méthode

Comparaisons et choix
entre les méthodes

L'encyclopédie des Amis de la Forêt de Fontainebleau est en amélioration continue.

La fin de ce chapitre :

GESTION ET AMÉNAGEMENT !

sera publié très prochainement, après révision.