Les lisières et le public

La perception de la forêt par le public se traduit surtout en termes de paysage et de nature.
Parmi les éléments perçus en premier figurent les lisières de peuplements, véritables cartes de visite de la forêt.
Les lisières doivent répondre à une attente sociale bien réelle, mais peu, ou mal, formalisée.

    

 
 

Un composant méconnu

À la demande générale maintes études savantes ont été menées au sujet des lisières. On peut affirmer qu'aujourd'hui on en sait beaucoup moins sur cette demande sociale qu'avant. Mais une ignorance assumée vaut mieux que des préjugés.

Pour un massif forestier on distinguera deux grandes catégories de lisières :

Lisières externes

Lisières internes

Elles ont des rôles souvent différents, parfois complémentaires.

Lisières externes

Dans les régions à forte démographie, comme une partie des lisières du massif de Fontainebleau, les lisières correspondent, le plus souvent, à des limites foncières.

On a le choix entre deux traitements de telles lisières :

  1. La transition progressive d'un milieu à l'autre
  2. La rupture brutale entre ces deux milieux

Si la forêt est proche des habitations ou des infrastructures de transports, c'est la seconde option qui sera presque toujours retenue. Outre des raisons de sécurité, est il convient en de tels lieux de marquer fortement la différence entre les deux univers pour provoquer une rupture des comportements. Ce choix limite aussi les tentatives d'appropriations abusives par les riverains.

Cette position n'implique pas que ces lisières doivent avoir un caractère de "mur vert" ; au contraire cette lisière doit être, avec les espèces végétales forestières, aussi diverses que possible. Avec de telles lisières, les entrées dans la forêt doivent être identifiées clairement et au besoin assez longtemps à l'avance.

Une lisière brutale se doit de contribuer à la sécurité routière et une lisière assez diversifiée n'incite pas l'automobiliste à accélérer comme le font les lisières monotones, véritables "tunnels forestiers" qui augmentent les risques d'incidents, parfois avec la faune sauvage.

Les comportements

Avant que d'aborder les lisières internes, il faut rappeler quelques comportements observés dans des forêts pourtant très dissemblables.

Choix d'itinéraires
S'il y a le choix entre plusieurs chemins ou routes forestières, le plus lumineux est choisit le plus souvent , même si ce n'est qu'un "puit de lumière" au bout du chemin qui fait la différence.
Choix du tracé sur un itinéraire donné
Sur un itinérare donné assez large, les promeneurs restent du coté de la lisière la plus ouverte (méfiance inconsciente de l'ombre ?).
Arrêt paysager
S'il y a des arrêts, ils se font surtout là où le paysage se dévoile à l'observateur et de préférence plus vers l'aval que vers l'amont (sécurité du point de vue).
Vitesse de déplacement
On se déplace plus vite dans les portions étroites et sombres des itinéraires. Il y a ralentissement et souvent regroupement, à la sortie de ces "tunnels".
Un groupe soit bruyant, soit au comportement inusité, provoque à distance le regroupement des familles.
La curiosité
Elle provoque, bien entendu, des arrêts surtout quand les conditions sont bonnes, c'est à dire sur les lisières.
L'effet mouton
Une voiture garée en lisière de forêt en attire d'autres, d'autant plus que la lisière est "ouverte". Pour parer au vol à la roulotte on souhaite garder un œil sur sa jolie voiture! Ce dernier comportement est loin d'être toujours rationnel et intelligent.

Lisières internes

D'une façon générale le principe de donner à deviner, ou à découvrir, est perçu comme plus motivant par les usagers, plutôt que de donner à voir en un seul coup d'œil. Et donner à revoir engendre rapidement lassitude et rejet.

Voici quelques pratiques utiles pour l'aménagement des lisières internes (liste incomplète par nature).

  • Créer une diversité visuelle qui ne soit pas limitée aux seuls initiés à la biodiversité (variation se densité, de classes d'âges dans les essences - variation de la forme en longueur et profondeur).
     
  • Créer des séquences de parcours qui autorisent, quelle que soit la vitesse de déplacement de l'observateur, la vision de l'ensemble des actions du forestier, tout en gardant un caractère propre à la lisière.
     
  • Mettre en valeur, voire en scène, des éléments remarquables de la forêt, ou proches de la forêt, surtout si la lisière en est l'écrin.
     
  • Considérer que dans le temps la lisière ne doit pas être un écran visuel sans rapport avec le peuplement en place, rendant difficile une bonne perception de paysage forestier (masquer un peuplement de résineux par une ligne de feuillus).
  • Conserver une distance suffisante entre le peuplement et la limite foncière pour que l'obligation d'élagage ne fasse pas disparaître la diversification en hauteur (cela concerne aussi bien les plantations que les régénérations naturelles).
 
 

Lisière interne = limite à l'intérieur du domaine forestier
(Clairière, bord de chemin, milieu ouvert,...)

Lisière externe = Limite du domaine forestier vers le monde extérieur