que dans les hautes montagnes. Or, les graines de cette espèce, plus fines que la plus fine sciure de bois, s'étant trouvées mélangées avec les graines de pin sylvestre des environs de Riga, ont germé dans la forêt de Fontainebleau, et, peu à peu, la délicate orchidée s'est répandue dans beaucoup de cantons, là où les mousses lui constituent un "substratum" favorable.

Au sujet des quelques massifs de Faux-Acacias et d'Épicéas que nous avons rencontrés dans notre promenade, et tels qu'il s'en trouve d'autres ailleurs dans la forêt, il est bien évident que ces arbres ont été plantés et que ces peuplements sont artificiels comme ceux des pins de Corse, des mélèzes qu'on est tout étonné de trouver dans les mêmes localités que le micocoulier de Provence.
On a introduit encore dans la forêt, par petits groupes et parfois par pied unique,

les arbres décoratifs les plus divers, tels que l'Orme de Sibérie, l'Araucaria, le Pinsapo, le Pitchpin d'Amérique, le Cèdre du Liban et jusqu'au Séquoia gigantea qui n'atteint pas cependant ici la hauteur de 145 mètres comme en Californie. Il semble donc que le sol de Fontainebleau, là surtout où se trouvent de la terre de bruyère et des abris suffisants contre la sécheresse, constitue un terrain merveilleux pour les naturalisations.

Mais, à proprement parler, ce ne sont, comme disait Paul Bert, que des "illusions de naturalisation". La végétation indigène est toujours là, cherchant à reprendre intégralement ses droits, si l'on oublie pendant quelque temps de renouveler les nouveaux venus. Ce sont les charmes et les Tilleuls, les Genévriers, les Viornes, les Houx, les Fusains, les Troènes, les Alisiers; ce sont les Genêts, les Bruyères et les Fougères, toujours prêts à lutter victorieusement contre l'invasion étrangère.

La chasse à courre

Il y a déjà un certain nombre d'années, un matin, à la gare de Fontainebleau, je rencontrai un voyageur qui descendait du train de Paris et dont la tournure ne m'était pas inconnue ; vêtu d'un magnifique costume rouge, il tenait une cravache à la main et était élégamment chaussé de bottes à éperon : c'était Denys Cochin qui, se rendant à une chasse à courre, m'apparaissait sous un aspect bien différent de celui sous lequel je le voyais autrefois, au laboratoire de Pasteur, dans sa blouse blanche de chimiste.