RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
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MINISTÈRE DE L'AGRICULTURE

DIRECTION GENERALE
DES EAUX ET FORÊTS

 

 

RAPPORT

de M. GENEAU, Conservateur des Eaux et Forêts à Paris

Nature de l'affaire : L'administration forestière et les artistes

Le grief principal : L'exploitation industrielle

Parmi les griefs innombrables adressés par les artistes à l'Administration Forestière, le principal, celui qui résume tous les autres, consiste à dire que la forêt de Fontainebleau est exploitée d'une façon "industrielle", sans aucun souci d'en conserver le caractère esthétique. Produire beaucoup de stères et beaucoup de planches pour réaliser beaucoup d'argent, traiter en un mot la forêt comme une "usine à bois", tel serait l'objectif du Service Forestier. Partant de ce postulat, on se plaint que les coupes "sombres" qu'on pratique ou qu'on médite de pratiquer dans les massifs doivent les "mutiler odieusement" et "porter un coup terrible à leur magnifique beauté". A cette conception strictement utilitaire que l'on prête ainsi aux forestiers d'aujourd'hui - on verra tout à l'heure ce qu'il faut en penser - on oppose celle des forestiers et des Gouvernements d'autrefois qui, à en croire les artistes, aurait été fort différente.
Avec son talent coutumier M. UZANNE a présenté cette thèse sous une forme saisissante.
"Cette faillite de l'esthétique, nous dit-il, est relativement récente. Depuis les temps druidiques jusqu'aux débuts du XIXe siècle, la forêt de Fontainebleau s'était comportée de façon majestueuse assurément vigoureuse et superbe. Cela parce qu'on la laissait en paix (dans ses parties les plus précieuses) et qu'on lui permettait de s'épanouir d'elle-même. Elle était un des joyaux de la Couronne de France, on la voulait belle. On ne portait la hache dans cette splendeur qu'au cas d'extrême nécessité, avec une hésitation religieuse."De cette application séculaire à garder les futaies en beauté, nous avons un lointain témoignage