Si notre touriste, qui n'a jamais erré au milieu de cette nature spéciale, a beaucoup voyagé, et s'il a contemplé les formations les plus variées du globe, à quel « faciès », comme on dit en géologie, pourra-t-il comparer les rochers de Fontainebleau?

En plusieurs places et sur une assez grande surface, le sable est à découvert ; on peut voir, par la façon dont ce sable est rejeté sur certains rochers à fleur du sol, que de grands vents déplacent parfois cette fine poussière ; ces formations sont-elles donc comparables à des dunes? Ou au moins à d'anciennes dunes envahies par la végétation, comme il y en a dans les Landes? Non pas, les dunes maritimes ont une structure spéciale qu'on ne retrouve nulle part ici et les dunes désertiques, si elles ne possèdent pas toujours une telle structure, forment le plus souvent des masses de sables mouvants. Il est vrai que, Philippe-le-Bel appelait les rochers de Fontainebleau « ses chers déserts »; toutefois, en y regardant de près, ce ne sont pas là des sols vraiment désertiques.

Un grand nombre de petites plantes dont on ne voit plus à l'automne que les tiges desséchées qui se dressent encore comme de légers et délicats squelettes, croissent parmi ces sables ; au bas du coteau, ce sont les chapeaux rouges des fausses oronges ou les taches brunes des cèpes, donnant leur note d'automne au tableau, et les rochers de grès qui de loin semblent nus sont en réalité complètement recouverts de mousses, de lichens et aussi, sur leurs parois non ensoleillées, dans leurs fissures, par des masses d'algues microscopiques qui leur donnent des teintes noirâtres, vertes, bleutées ou même rouges.
Les grès de Bretagne, fût-ce à Huelgoat, ou même ceux de l'Esterel, en Provence, sont tout autres, et les roches gréseuses y constituent des masses considérables. Ici, c'est le sable, qui forme les collines rocheuses, c'est la masse énorme de sable qui est fondamentale, le banc de grès, à la partie supérieure de ces coteaux, est unique et n'a que quelques mètres d'épaisseur ; ce fait seul éloigne toute analogie.

Comparaison, origine des sables et des rochers, tout ceci s'écarte bientôt de l'esprit de notre promeneur, car il contemple tout autour de lui les jeux de la radiation solaire sur le feuillage jauni des bouleaux, sur les frondaisons cuivrées des hêtres, sur les cimes encore vertes des chênes, et, plus près, sur les buissons mouchetés de taches lumineuses, au pied des rochers colorés par des reflets violacés.
Mais voici l'heure qui s'avance ; il faut sortir de ce rêve. Notre visiteur, qui songe au retour, redescend et s'inquiète de savoir où il est. C'est alors qu'il s'aperçoit que la forêt, loin d'être sauvage, abandonnée, comme autrefois, se trouve parcourue par un très grand nombre de routes de chasse qui la sillonnent en tout sens. Cherchant des indications, il ne voit aucun poteau aux carrefours, tels qu'il en existe dans la plupart des forêts domaniales des plaines. Toutefois l'administration