qu'il a contemplé l'aspect tout particulier des coteaux sableux. L'examen du banc de grès et des rochers qui semblent en dériver, en un endroit semblable de la forêt, près du Mont-Pierreux, avait plongé l'illustre Cuvier dans une longue et fertile méditation géologique. La vue de ces rochers et l'amoncellement des sables presque désertiques d'où ils surgissent ont fait soupçonner à notre promeneur la nature si curieuse de la flore qui les recouvre. Sur les écriteaux, les vieux noms d'autrefois, de toutes les époques depuis ceux des anciens chefs Gaulois jusqu'à ceux beaucoup plus récents des inspecteurs des forêts, en passant par les noms de tous les Grands-Maîtres et de tous les Grands-Veneurs imaginables, se rapportent à l'histoire de la forêt. Les appellations des routes, des carrefours, d'autres encore, évoquent les chasses royales. Il n'est pas jusqu' aux marques bleues ou rouges des sentiers et aux lettres peintes

sur les rochers ou sur, les arbres qui n'aient aussi leur intérêt, car elles indiquent les sentiers des promenades établies par le célèbre sylvain Denecourt, ce vieux soldat du premier Empire, amoureux de la forêt de Fontainebleau, dont il s'est amusé si longtemps comme d'un jouet, un grand jouet de 17.000 hectares!

Les essences forestières

Lorsqu'on parcourt la forêt de Fontainebleau, on est frappé par la variété des essences forestières qui s'y trouvent et par les contrastes qu'offrent entre elles, à ce point de vue, les diverses parties de la forêt. Tantôt ce sont des arbres semblables, croissant en grande abondance, qui forment exclusivement les taillis ou les futaies ; tantôt ce sont des espèces différentes, mêlées les unes aux autres, ou, çà et là, certaines essences exceptionnellement cantonnées en quelques points. Il suffit d'une promenade pour se rendre compte de la diversité de ces aspects opposés.

En sortant de la gare de Fontainebleau, prenons, près du poste forestier, la route de la Tour Denecourt qui suit d'abord la ligne de chemin de fer dans la direction de Paris ; nous verrons à gauche une plantation telle qu'on en trouve quelques autres dans la forêt : ce sont des Robiniers Faux-Acacias qui, contrairement à toutes les règles de la sylviculture, sont disposés en massif, ce qui ne les empêche pas, d'être fort beaux et, au commencement de juin, de se couvrir d'une quantité de grappes de fleurs blanches à fine odeur d'oranger. Mais au début de la route Baudrillart (dédiée au grand-père de l'académicien), la composition de la forêt change brusquement et se rapproche de la végétation naturelle. De très beaux hêtres centenaires étalent leurs ombreuses frondaisons, puis c'est un mélange de hêtres et de chênes avec quelques bouleaux. Allons un peu plus loin ; contournons