Sanglier, Marcassin, Ragot, Compagnie ; ailleurs : Biche, Faon, Dix-Cors, Deuxième-Tête, Hase, Lapin; il y a même la route de la Gibelotte ! D'autres idées viennent alors aux parrains de ces routes innombrables. Dans un canton de la forêt, l'on s'adresse aux personnages célèbres venus à Fontainebleau : Bassompierre, Condé, Mazarin, Mayenne, Villars, Villeroi, Saxe ; ou encore: Diane de Poitiers, Gabrielle, d'Estrées, Mancini, la Vallière, Montespan, Fontanges, Maintenon, Pompadour, etc. Que trouver encore ? Les oiseaux, les arbres, les plantes; telles sont, près de la butte du Montceau, les routes de l'Hirondelle, de la Linotte, du Loriot, de l'Alouette, de l'Ortolan, etc. et l'on a songé aussi aux champignons, l'une des plus remarquables productions de la forêt où l'illustre Bulliard est venu les étudier et les décrire sur place ; ce sont les routes du Champignon, du Cèpe, de la Coulemelle, de la Fausse- 0ronge , etc.

Mais le Conservateur qui avait donné l'ordre de nommer les routes était fonctionnaire sous Louis-Philippe, et, si l'on n'avait affecté aucune route aux anciens rois ni aux membres légitimes de leurs familles, on inscrivit les noms de routes suivants: Louis-Philippe (à tout seigneur tout honneur), Reine-Amélie, Clémentine, Princesse-Marie, Joinville, d'Aumale, etc. Bien d'autres idées vinrent encore aux parrains à propos des noms qui désignaient déjà les rochers. Pour le Rocher des Demoiselles, par exemple, une carte du Tendre était tout indiquée sous la présidence du carrefour du Vert-Galant; on peut y lire, constituant un roman amoureux, l'itinéraire des routes dans l'ordre suivant : Jeunesse, Rencontre, Attraits, Beauté, Attraction, Amour, Cupidon, Vénus, Cythère, Espérance, Rendez-vous, Séduction, Mystère, Tendresse, Embrassade, Caresse, Bonheur, Faux-Pas; puis viennent les routes des Pleurs, des Soupirs, des Regrets , des Adieux, et enfin, des Oublis.

Il y a toutefois dans la forêt certaines routes dont il est impossible de comprendre le nom si l'on ne sait pas à quel événement ou à quelle anecdote il se rapporte.
Que signifie par exemple, non loin du bornage de Veneux-Nadon, la route Zamet qui « coupe » la route de Vidossang ?
Il faut d'abord savoir que, contrairement à la conclusion de la fable « Le savetier et le financier », un cordonnier de Lucques s'était avec grand succès transformé en financier ; c'était Zamet le "Seigneur des dix-sept cent mille écus" comme il s'intitulait lui-même, qui, sous Henri IV, devint surintendant des Bâtiments de Fontainebleau. Un sieur de Vidossang, au bal des filles de la Reine, en 1608, avait raillé la manière dont Jean, fils de Zamet, dansait la gaillarde. Celui-ci provoqua Vidossang et le tua en duel près de l'endroit où se coupent ces deux routes.