Le roi fut très mécontent du résultat de cette rencontre ; toutefois la famille Zamet, de si vulgaire origine, acquit par suite de ce duel absurde plus grand prestige à la cour.
Près de là se trouve la route de l'Homme fossile. Cette appellation fait allusion au fait suivant, dont M. Félix Herbet a donné une relation détaillée.
Au mois de septembre 1823, le colonel Juncker et le Dr Ganot découvrirent dans la forêt une roche bizarre où l'on voyait comme l'empreinte en relief d'un homme couché sur un cheval. Un chimiste du nom de Barruel se trouva passer par là au moment où les deux investigateurs examinaient ce grès singulier. Barruel déclara aussitôt que c'était un homme fossile, et, en qualité de chimiste, il en donna pour preuve les traces de phosphate de chaux -par conséquent (!) d'os -décelées dans cette roche, et il publia en mai 1824 une "Notice sur le fossile humain trouvé près de Moret". Or, à cette époque, donner la preuve qu'il existait un homme fossile, cela renversait la Religion et la société. C'était vraiment très grave.

On fit extraire cette fameuse roche, achetée 10.000 francs à ceux qui l'avait découverte, et on la transporta au rez-de-chaussée d'une sorte de palais, dans une salle d'exposition, située à Paris, 15 boulevard des Capucines. Dès qu'il en eut connaissance, le duc de Northumberland en offrit 3oo.ooo francs. On refusa ces offres magnifiques. Mais le monde savant était en ébullition. Un auteur, qui n'ose signer que P., publie une « Lettre sur le prétendu fossile humain » ; des mémoires, notes ou brochures pour ou contre l'authenticité de cette empreinte se succèdent rapidement depuis juillet jusqu'à novembre 1824. La question arrive devant l'Académie des Sciences, et Cuvier sauve décidément la Religion et la Société en approuvant une note de Payen, Chevalier et Julia Fontenelle, présentée par lui, et en déclarant qu'il ne s'agit là que d'un "lusus naturae", donnant à cette roche une apparence d'homme ou de cheval, comme bien d'autres grès dans la forêt de Fontainebleau ressemblent à des hommes ou à des animaux :

La femme qui dort et l'homme qui veille dans le Rocher d'Avon, ailleurs encore des phoques, des éléphants ou des serpents, etc.
Ces « jeux de la nature » me rappellent un vieil employé de la bibliothèque de l'Institut qui extrayait mystérieusement de son tiroir des concrétions arrondies de pierre à fusil de l'époque crétacée, et les présentait comme preuve de "l'existence des pommes de terre avant Parmentier"!
Pour en revenir à la roche de l'Homme fossile, malgré une réponse de Barruel, la question fut définitivement enterrée, et la roche aussi, car celle-ci fut enfouie dans une cave, à Rouen, et personne n'en entendit plus jamais parler.
Le plus curieux de cette histoire c'est que tout le monde avait été induit en erreur, depuis Barruel jusqu'à Cuvier. Auguste Luchet en donne la preuve et l'explication, en 1849, dans l'Eventail d'ivoire. Le fameux fossile humain, le cavalier