pétrifié chanté par Odry, mis en roman, mis au théâtre, exposé avec embellissements de M. Lebas, membre de l'Institut, fièrement refusé au noble Anglais qui en offrait une fortune…"c'était tout bonnement l'ébauche à peine dégrossie d'un bas-relief équestre entrepris pour François 1er par Sylvio ( Connu aussi sous le nom de Sébastien de Bologne, architecte, sculpteur et peintre, qui a participé à la construction du château de Fontainebleau.) " ... Quelle chute !

Ce n'était donc ni un « jeu de la Nature » comme le décrétait Cuvier, ni un homme pétrifié comme le voulait Barruel.

Il n'en subsiste que... la Route de l'homme fossile.

Le Sylvain Denecourt

Mon père aimait beaucoup la forêt de Fontainebleau où il venait, pendant les vacances, se reposer de ses travaux de jurisprudence. Il m'emmenait avec lui dans ses promenades lorsque j'étais enfant, et, naturellement, j'avais un grand enthousiasme pour les sentiers Denecourt dont nous suivions religieusement tous les méandres en lisant, sans en omettre un seul mot, l'Itinéraire de la forêt, rédigé par l'ancien soldat de l'Empire.

Un jour en 1866, j'eus le bonheur de voir le grand homme. Il était déjà très âgé et ne dirigeait plus que des excursions en voiture, pendant lesquelles on s'arrêtait de temps à autre pour prendre par un raccord une portion de la promenade pédestre normale.
Je vis un tout petit homme, un peu rabougri, à barbe courte et hirsute, à cheveux coupés courts et ramenés en avant, avec une paire de lunettes qui, au premier abord, aurait pu le faire prendre pour un érudit.

J'avoue qu'en l'apercevant j'avais eu une déception ; mais dès que je l'entendis prendre la parole, du haut d'un grès surplombant, tout se transforma: son petit corps s'agitait convulsivement, ses yeux pétillaient de conviction derrière ses lunettes, et, comme aux plus beaux temps de ses "créations", il décrivait encore, en ce style emphatique et naïf qui décelait sa profonde ignorance, l'aspect des arbres et des rochers. C'étaient partout, désignés par ses gestes de prophète, des "titans gigantesques", des "précipices terribles", des "roches brûlées par la main du Grand Maître", des "arbres tordus et rageurs" ou des rochers qui ressemblaient à de "vilaines bêtes, de l'Apocalypse". Alors, je retrouvais en lui le Sylvain qui m'avait été révélé par ses sentiers et par ses guides ; j'étais heureux, je voyais enfin le Denecourt que j’avais rêvé.