Un volume servant de guide, écrit dans le style spécial dont j'ai donné déjà plusieurs échantillons, permettait au touriste, de ne pas s'égarer dans ce labyrinthe. Je ne résiste pas à la tentation d'en citer quelques phrases :
"Suivant toujours notre fil d'Ariane indiqué par nos marques bleues, et évitant toute issue à droite ou à gauche, parfois pratiquée par la malveillance ou l'imbécillité…"
"Après avoir traversé une route passablement charretière, notre sentier se marie pendant deux minutes avec une cavalière".
A propos du chêne le Charlemagne : "La foudre a brisé sa cime, mais quelle grandeur encore et quelle majesté dans cette ruine vénérée! Ce que nous éprouvons à sa vue ce n'est pas seulement un sentiment artistique ; la fibre du vieux Gaulois frémit en nous, et le respect se mêle à notre admiration". Et ensuite -sans aucune transition :"Les personnes qui, du Charlemagne voudraient rentrer à Fontainebleau, suivront l'itinéraire ci-dessous, etc."

On ressent ici cette impression pénible qu'on éprouvait dans les anciens vaudevilles lorsque le «parlé» reprenait après la «pointe» d'un couplet.
Immédiatement à la suite de cette phrase "la Fée Mélusine qui, au clair de lune, réunit ses compagnes près de ces rochers", on lit que "Jeannot lapin vient y prendre ses ébats", puis qu'une marque en croix indique une bifurcation du sentier. Tout se mêle d'une façon très imprévue dans les descriptions admiratives du brave Sylvain.
Sauf quelques mares, il n'y a pas d'eau dans la forêt de Fontainebleau ; Denecourt chercha des sources. Il ne put découvrir que de petits filets qui provenaient de l'eau s'infiltrant dans les sables supérieurs, en quelques rares cas, lorsqu'elle se trouve retenue par une masse de grès assez considérable, comme à la Roche-qui-pleure (qui ne pleure que lorsqu'il a plu), et il capta ainsi les fontaines Dorly, Désirée, Sanguinède, Isabelle,

fontaines où l'eau coule le plus souvent goutte à goutte, de façon qu'il faut parfois un quart d'heure de patience pour remplir un verre.
Pendant l'année 1853, Denecourt éleva en un point culminant une tour carrée qu'il baptisa Fort-l'empereur, d'ou la vue s'étend sur un rayon de 64 kilomètres. Si aux frais de cette construction on ajoute ceux qu'exigeaient la création et l'entretien des sentiers, la recherche et l'aménagement des sources, on arrive à des dépenses importantes. Denecourt y consacra d'abord 17.000 francs pris sur sa modeste fortune, puis le produit de la vente de ses itinéraires, guides ou cartes. Or, il créait chaque année de nouvelles promenades, et ses ressources devenaient insuffisantes. En 1850, il eut alors l'idée de s'adresser à des souscripteurs, lesquels se divisèrent