Dans la Caverne des Brigands, près de Barbizon, il est ravi de pouvoir citer encore l'inscription de ce quatrain facile:

Entré par une issue, on tourne en ce repaire
Pour gagner l'autre issue ; et l'on voit la lumière.
Qu'a-t -on vu ? Rien que l'ombre, et l'on trouve, dès lors,
Que les brigands du jour se pavanent dehors.

A propos de cette caverne, il faut dire que l'on a reproché à Denecourt d'avoir parfois poussé la conviction un peu trop loin en voulant embellir ses sentiers.
Après avoir fait l'éloge du Sylvain, M. Paul Domet écrivait: " Nous ferons, cependant, une seule réserve à ces louanges : les défilés, les cavernes, les grottes, qui forment, en grand nombre, nos masses de grès si bizarrement amoncelées, n'ont pas suffi à, M. Denecourt ; en certains endroits, il a appelé à son aide la pioche et le moellon... ; en un mot, il a corrigé la nature, et à ce jeu l'homme a toujours le dessous et reste bien loin du modèle
.

La fameuse Caverne des Brigands est un exemple typique de ces "embellissements".

En effet, comme le fait remarquer M. Félix Herbet, il n'en est nullement question dans les anciens itinéraires de la forêt, et, en 1843, Denecourt décrit l'un de ses sentiers qui passe précisément à l'endroit où se trouve actuellement cette caverne, sans en faire la moindre mention.

Tout à coup, en 1845, Denecourt écrit : "Nous descendîmes au vallon pour gagner le sentier qui conduit à la Caverne des Voleurs, caverne qui est pratiquée tout à fait dans le haut du rocher, et qui, sous le règne de Louis XV, a servi de repaire à une bande d'assassins, dont le chef était Thissier."
Aujourd'hui, si vous allez en famille visiter la Caverne des Voleurs, devenue Caverne des Brigands, la fille de la marchande de souvenirs,

autorisée à tenir boutique à cet endroit, ou la patronne elle-même, vous offre de vous conduire. Elle vous fait entrer en cette très modeste excavation creusée dans le sable, allume une torche modernisée, sorte d'ignoble lampe à pétrole, et récite mécaniquement (elle répète ce récit jusqu'à cent fois par jour) les exploits de la bande à Tissier. Par la manière même dont la récitante débite son histoire, et par la façon désabusée dont elle vous montre d'un geste négligent, un intervalle noirci, " d'où sortait, dit-elle, la fumée qui un jour trahit la présence des brigands", on n'emporte de ce roman terrible aucune impression précise d'une réalité quelconque.

C'est qu'en effet, il n'y eut jamais de brigands dans cette caverne, ni de Thissier avec ou sans h, ni de fumée pour faire « repérer ce repaire » comme on l'a écrit spirituellement.