Ainsi, peut- être, pourrons- nous comprendre comment s'est formé le relief de la forêt, avec ses monts, ses vallées et ses bandes sableuses ou rocheuses.

En lisant tout ce qui a été publié sur la géologie de la région, depuis Cuvier et Brongniart jusqu'au travail spécial du commandant Barré, paru en 1902, on s'aperçoit, comme en bien d'autres cas, à quel point la Géologie est une science pleine de jeunesse, une science qui évolue, et dont les hypothèses se renouvellent en se succédant rapidement, les plus récentes détru isant à fond celles qui étaient émises auparavant. Pour plus de sûreté, j'ai consulté les Maîtres actuels de la Géologie et j'ai appris alors, à ma grande stupéfaction, que l'origine du terrain principal de la forêt, celle des « rochers de Fontainebleau » est l'une des questions les plus obscures, les plus ardues, les plus débattues et les plus incompréhensibles de la géologie des environs de Paris.

Cette origine compliquée et très particulière de ce banc de grès, et la manière spéciale dont il se détruit expliqueraient au moins pourquoi la nature des rochers de Fontainebleau est, pour ainsi dire, unique au monde.
Traçons d'abord, à grand traits, l'histoire géologique de la forêt, en ne parlant que des faits sur lesquels, depuis longtemps, tous les géologues sont d' accord.
Au -dessous de tous les terrains de la région se trouve la craie, dépôt d'une énorme épaisseur ; et, au- dessus de la craie, reposent tous les autres sédiments des environs de Paris formant comme des cuvettes superposées, Paris étant situé à peu près au sommet de l'axe commun passant par les centres de ces cuvettes de terrains empilées les unes sur les autres.
La craie, que l'on voit affleurer à la surface du sol à Nemours, à Montereau et, plus près, vers Villeron ou à Villecerf,

constitue par la nature des animaux fossiles qu'on y trouve, un sédiment marin très épais de vase calcaire déposé dans une mer profonde, tandis que les dépôts d'argiles ou de marnes sableuses, qui lui sont superposés dans la région, sont de nature tout autre et ne contiennent au contraire que des débris d'animaux et de végétaux terrestres (mammifères, oiseaux, troncs d'arbres, empreintes de feuilles), sans présenter aucune transition avec la craie. Viennent au -dessus les formations de calcaires et de meulières, dites de Brie, qui ne contiennent que des fossiles d'eau douce ; ce sont ces terrains que l'on voit dans le s parties basses de la forêt de Fontainebleau.