Description du massif de Fontainebleau

Nous admirons les miracles de la forêt. Nous nous souvenons d'en avoir vu qui sont propres à confondre l'esprit. Nous les évoquons volontiers, ils viennent d'eux-mêmes nous tenter encore, nous emplissant d'une secrète et coupable nostalgie.

Car, chaque fois, devant eux, nous éprouvons l'émerveillement et le recul de la première rencontre. Nous revoyons, sous un ciel pesant de bruine, le soleil et l'eau, composant leurs effets, instaurer la végétation dans tous ses pouvoirs.
Ils savent tirer, de la terre féconde, une forêt fastueuse.

Jamais la nature n'est ni si puissante, ni si belle. Un calme tumulte de prodiges, tous délicats, ravit les regards et les retient prisonniers.
Tant d'ombre frémissent pour couvrir d'innombrables lumières que l'œil s'y égare.

Les fleurs répondent avec éclat à l'astre dont les rayons éveillent les couleurs. Tout vit. Une énergie inépuisable et lente se dépense en miracles.

Est-il au monde spectacle aussi prometteur ?


L’écosystème de la forêt de Fontainebleau

             

 

            

Véritable mosaïque de paysages et d'écosystèmes, la forêt de Fontainebleau est d'une grande richesse et d'une diversité sans pareil
Les principales essences de la forêt sont le chêne (50 %), le hêtre (10 %).

Le pin sylvestre, introduit artificiellement en 1786, au moyen de graines provenant de Riga par le naturaliste Le Monnier, médecin de Louis XVI, a été, à partir de 1830, largement employée dans les reboisements.
La forêt est traitée généralement en futaie régulière et localement par parquets ; elle présente dans son ensemble un vieillissement marqué. La forêt de Fontainebleau est affectée à la production de bois d'œuvre (15 000 ha environ) et à l'accueil du public.
Les parties de la forêt les plus remarquables sont laissées en dehors de l'exploitation régulière.

A Fontainebleau, beaucoup de parcelles présentent un boisement mélangé.
Les enracinements variés exploitent mieux les éléments minéraux et l'eau du sol ; le mélange d'essences favorise l'enrichissement de la faune et de la flore.
À l'inverse, les peuplements purs sont très défavorables, notamment sur ces sols fragiles ; c'est ainsi qu'il faut limiter constamment l'envahissement spontané des parcelles par le pin sylvestre, qui s'est manifestement très bien adapté après son introduction au XVIe siècle ; rappelons toutefois qu'il y a 10 000 ans, il n'y avait que des pins à Fontainebleau.

Sur les platières, des bouleaux parsèment la lande à callune (l'une des deux bruyères) ; on peut y voir quelques chênes torturés ainsi que des mares ; les monts, quant à eux, sont recouverts d'une végétation plus dense où se côtoient chênes rouvres, hêtres, petits pins sylvestres, à enracinement supérieur.
Les impressionnants chaos de grès couvrant les pentes sont parfois envahis de grandes fougères qui empêchent tout développement de la végétation. Puis dans les grès et le sable, ce paysage laisse place à une lande à callune, parsemée de bourdaines, de bouleaux et de pins sylvestres.
Dans les vallées et sur certains monts, la forêt est formée surtout de chênes et d'autres feuillus au houppier très dense, comme le hêtre, qui, faisant une ombre trop profonde, empêchent toute autre plante de pousser sous leurs frondaisons.


Le climat de la forêt de Fontainebleau

Qu’ils soient siliceux ou calcaires, tous les sols de la forêt de Fontainebleau sont très perméables. L’eau des précipitations ne stagne jamais en surface. Cette absence entraîne une sécheresse de l’air plus grande, la rareté des brouillards et, par suite, une grande transparence de l’air.
Par temps découvert, le rayonnement du sol pendant la nuit est plus intense que dans les régions avoisinantes et les températures minimales sont inférieures à celles de la Brie et du Gâtinais.
Cette différence, en hiver, peut atteindre 6 ou 7°C. A contrario par beau temps, le rayonnement solaire au sol plus intense induit des températures maximales diurnes un peu supérieures à celles de la région.

Ainsi l’effet de la nature du sol sur le climat crée sur l’étendue du massif un "mésoclimat" particulier différent du climat régional par des températures extrêmes accentuées et des échanges thermiques plus actifs.
Les particularités du sol et du relief viennent ajouter à ce climat moyen de nombreux microclimats remarquables. Les sols et le relief créent à leur tour des microclimats dans ce climat moyen.
On constate que les vallées crées par l'érosion ont généralement dans le massif des versants très inclinés et par conséquence l'exposition y est très contrastée. Les ubacs, s'ils sont des chaos gréseux à forte hygroscopicité entretenant une importante végétation de mousses, ont des climats quasi septentrionaux ; tandis que les adrets sur sols calcaires se rattachent aux climats des montagnes méditerranéennes chaudes et sèches avec une végétation xérophile.

             

 

            


Les sols de la forêt de Fontainebleau

Le massif de Fontainebleau, selon les sols nous offre trois types forestiers :

La forêt humide et marécageuse -
On la rencontre surtout au nord du massif et au long de la Seine (ripisylve). Tous les cantons dont le nom est lié au mot marchais (vieux français pour marécage) en témoignent.
Les essences caractéristiques en sont l’Aulne et les Saules.

La forêt des chaos et assises sableuses -
caractérisée par les Bouleaux et les Bruyères . On la trouve sur les platières et dans des plaines.

La forêt de sables mêlés de calcaire -
Le type en est la chênaie - hêtraie, où viennent s’installer en complément le Tilleul, le Charme, le Buis, le Genévrier.
La toponymie révèle l’intérêt que l’homme porte à cette riche formation (Faÿs-les-Nemours, Faÿs-en-Bière, Gros-Fouteau, etc…).


Les grès fabuleux de la forêt de Fontainebleau

             

 

            

Rochers remarquables

Ces sortilèges que l'art chercherait en vain à imiter, les voici offerts par cent modèles incomparables.

Ceci tient à ce que l'objet naturel a on ne soit quoi d'impérissable et de, pourtant, déjà péri. La beauté spontanée déborde l'idée même de beauté, pour ce qu'elle en est l'essence et le support.

Félicitons le vent, la pluie, l'érosion et le hasard!

Le guide des Amis de la Forêt, qui vous propose de suivre les "sentiers bleus" vous indiquera, au long de votre promenade, l'origine des noms qu'on leur donna. Ces baptêmes sont le témoignage des goûts d'une époque aujourd'hui disparue (L'homme du plasticocène inférieur, qui est un homme sérieux, préfère offrir des noms idiots aux rues des cités banlieusardes).

Formation des grès à Fontainebleau

Si quelques détails de la formation des grès de Fontainebleau prêtent toujours à discussions de spécialistes, celle-ci n'en demeure pas moins assurée dans ses grandes lignes.

Durant l'ère Tertiaire la période dite du "Stampien" coïncide avec la dernière invasion de la mer dans le bassin de Paris. Ses dépôts s'étendent jusqu'à Chartres, Pithiviers et Montargis. La base est constituée par couche de marne à huîtres jouant un rôle considérable en arrêtant les eaux d'infiltration.
L'aréole de cette couche, qui peut atteindre une dizaine de mètres au Nord du bassin sédimentaire, n'est que de quelques centimètres à Fontainebleau.
Pour la parcourir, il faut suivre la courbe de niveau d'altitude 75 mètres de part et d'autre de la Seine.

Après ce dépôt, la mer se retire au Nord du bassin et toute la région se couvre de dunes, longues de 30 Km et plus, orientées parallèlement les unes aux autres du nord-ouest au sud-est.
Ces sables atteignant aujourd'hui encore une puissance de 75 mètres sont les "Sables de Fontainebleau".

Ayant une origine dunaire, ils ne contiennent pas de fossiles.
A leur partie supérieure, ils renferment des bancs de grès siliceux qui, correspondant aux anciennes dunes, ont la même orientation.

Mis à nus par le ravinement, ils forment aujourd'hui les célèbres chaos de Fontainebleau (mais aussi Malesherbes, Etampes, Rambouillet, etc.).


Les mares de la forêt de Fontainebleau

Dissimulées par les halliers ou alignées au long des chemins, les mares sont un élément caractéristique du paysage du massif de Fontainebleau. Leur intérêt, tant historique que patrimonial, vient des fonctions sociales et économiques qu'elles eurent ; aujourd’hui encore, elles sont des attractions fortes du tourisme spontané.

La surface réduite et le peu de profondeur des mares, partant leur faible volant thermique, sont des éléments déterminants de leur écosystème.

Les populations de maintes espèces végétales et animales varient considérablement d’une saison sur l’autre, parfois même s’éclipsent. Cette instabilité est autant le signe de la richesse du milieu que le signe de sa fragilité.

Les mares concentrent en des espaces réduits de nombreuses espèces protégées.

Des végétaux sont solidaires du fond (Characées, Utriculaires…) alors que d’autres flottent librement à l'extrémité d'une longue tige, insensibles aux variations du niveau d’eau (Potamots…) enfin, certains sont liés au bord d’eau (Iris, Véroniques, Carex…).

Les grandes capacités d’adaptation des plantes aquatiques des mares induisent à penser que ce sont souvent d’anciennes espèces terrestres retournées à la vie aquatique.

Sites de reproduction des amphibiens (Grenouilles, Tritons…) et des odonates (Libellules, Demoiselles…), les mares abritent en outre, d’innombrables espèces animales strictement aquatiques qui leur sont inféodées (Protozoaires, Crustacés, Annélides, Mollusques, Acariens…).
Enfin, si les grands mammifères s’y abreuvent peu, mares et marais fournissent aux sangliers la boue dont ils font souille en s’y vautrant.

             

 

            


Les plantes banales et médicinales de la forêt de Fontainebleau

Voir dans l’index ci-contre les chapitres : Les fleurs des chemins et clairières et Les orchidées.


 
 

             

 

            


 
 

La cueillette des plantes médicinales se poursuivit autant que dura le pacage. Elle était un complément de revenu non négligeable pour des populations aux limites de la misère. La proximité de des nombreux apothicaires parisiens favorisait d'autant cette pratique


Qu’en est-il de notre regard d’hier comparé à notre regard moderne ?

Les plantes, peuplant les lisières, les chemins et les bois clairs, sont si communes qu'indifférents nous les foulons. Guérets, garennes, landes ont aussi leurs myriades végétales que nous ne voyons plus.
Pourtant ne méritent-elles pas la grâce d'un regard, ne serait-ce qu'un instant ?
Que dire de leurs intimités, souvent stupéfiantes, qu'un œil scrutateur nous révèle ?

Une attention soutenue découvre un monde de beautés fascinantes qui charment notre imagination. Ici la nature, à la pointe de sa vigueur reproductrice, montre une adresse qu'on croirait surnaturelle et forme, comme en se jouant, des merveilles comme n'en conçoivent ni l'industrie, ni la spéculation.

La séduction démoniaque ou angélique des végétaux communs envoûta l'art pictural de Jérôme Bosch à Odilon Redon. Elle fit aussi succomber la raison de quelques théologiens, ainsi en 1612, le synode de Ferrare frappa d'interdiction la cueillette nocturne de la fougère aigle pour ce qu'une section de tige de la plante éponyme figure une aigle héraldique.
Alors, cette fausse humilité du tapis végétal n'est-elle qu'une feinte de soumission, une ruse subtile, pour dissimuler la luxuriance d'un envahissement implacable par des démons malicieux ; ou bien est-elle l'arcane à franchir, menant à de minuscules paradis réservés aux bestioles et aux hommes curieux ?

Les donneurs de réponses trahirent les peurs et les espoirs de leur société.

Les rapports des hommes et des végétaux ne se limitèrent pas à ces spéculations, ils furent surtout des rapports économiques et, depuis la naissance des civilisations agricoles, l'humanité excipa du postulat général que la terre est sienne et des régentements particuliers conférant à chacun de ses représentants la souveraineté absolue dans son activité.

Les mauvaises herbes du maraîcher n'étaient ni celles du laboureur, ni celles du pépiniériste, ni celles du sylviculteur. Chacun avait ses plantes parasites, venimeuses, maléficieuses, inutiles (donc soupçonnées de vices cachés) et quelques bons sujets dont il favorisait la multiplication. Les catalogues étaient arbitraires et contradictoires.
L'apothicaire, tirant d'une même espèce végétale des principes pharmaceutiques bénéfiques ou dangereux, comprit un des premiers que les êtres se contentent de persévérer dans d'existence. Alors, il ouvrit la voie à la réflexion scientifique.

Après Galilée et Gassendi, il n'y eut plus de qualité intrinsèque attachée à l'essence des êtres naturels et la "vertu dormitive de l'opium" devint une plaisanterie de Molière. Aujourd'hui nous savons qu'il n'y a d'existence des espèces, que nous les trouvions banales ou exceptionnelles, qu'à travers un réseau physico-chimique complexe de relations entre les êtres vivants, le sol, le sous-sol, l'atmosphère et bien au-delà.
Nous savons en outre que la perpétuation d'une espèce est autant le produit d'accidents que d'équilibres subtils.

Les listes de bonnes ou mauvaises plantes appartiennent définitivement à l'histoire!


Les arbres de la forêt de Fontainebleau

La botanique souffre d'une image un peu désuète, ardue et compliquée. L'emploi intempestif de noms pseudo latins à l'heure de l'anglais universel rebute, pour le moins, un débutant.

Pourtant, au cours d'une promenade forestière, quel plaisir que de reconnaître les arbres s'offrant à notre vue. En les nommant, en connaissant les rudiments de leurs histoires et leurs nombreux usages dans notre vie quotidienne. Aujourd'hui autant qu'hier, nous en faisons les complices de notre sentiment de la nature et du beau.

Nous vous convions à apprendre à les identifier par leurs feuilles, ou par leurs aiguilles, le plus simplement du monde sans qu'il soit besoin de s'encombrer de tout un fatras. Il vous suffit d'observer et de toucher.

Voir dans l’index ci-contre les chapitres : Les espèces d'arbres et Jeu des arbres