Gommes
Le mot gomme a dans le langage populaire un sens assez vague si bien qu'on s'en servit pour désigner des substances fort différentes. Les gommes proprement dites sont produites par quelques arbres et arbrisseaux appartenant soit à la famille des léguminosées, soit à la famille des rosacées Elles sont tantôt absolument incolores, tantôt faiblement colorées en jaune ou en rouge. Insolubles dans l'alcool ou l'éther, les gommes se dissolvent très facilement dans l'eau, ce qui les distingue essentiellement des résines.
Ce qu'on nomme des gommes-résines sont des produits artificiels mixtes.
La gomme la plus connue de tous est la gomme arabique découlant de certains acacias. Il en est de qualités diverses, la plus répandue en France fut la gomme du Sénégal, produite par l'Acacia verek arbre de taille moyenne particulièrement épineux et au port tortueux. Le liquide qui en suinte à travers l'écorce se solidifie en larmes globuleuses, brillantes à l'intérieur.
Recueillie, cette gomme, via Port Saint-Louis ("saint-Louis" aujourd'hui), était dirigée vers l'industrie métropolitaine.
Les gommes furent employées pour la fabrication des encres, des cirages, pour épaissir les couleurs, apprêter et lustrer tant les étoffes que les feutres de chapellerie.
La médecine, des gommes, privilégia les propriétés adoucissantes. Les pâtes de guimauve et de jujube ne sont que des mélanges de gomme arabique et de sucre, aromatisés avec le jus de ces plantes.
La gomme adragantes est une substance insipide et inodore que les pharmaciens employèrent pour donner de la consistance aux loochs (syn: Potion) et pour lier les pâtes des pastilles.
Les pâtissiers et les confiseurs la firent entrer dans la composition de quelques crèmes et gelées.
La gomme gutte est fréquemment employée comme couleur jaune dans l'aquarelle et la miniature. Sa teinte naturelle est brun rougeâtre, mais réduite en poudre elle est d'un jaune éclatant. Cette poudre délayée dans l'eau conserve, après séchage, toutes sortes de nuances dorées.
La gomme ammoniaque était employée à la préparation du mastic de vitrier nommé ciment Diamant, au moyen duquel on réparait aussi les porcelaines brisées et les marbres ébréchés. Cette même -gomme ammoniaque servait, en pharmacie, à la préparation d'emplâtres de ciguë.
Le caoutchouc, à l'origine nommé gomme élastique, est une sorte de résine tenue en suspension dans la sève de plusieurs plantes d'Amérique du Sud appartenant à plusieurs familles
C'est en 1736 qu'il fut pour la première fois signalé par le savant explorateur La Condamine, envoyé au Pérou pour étudier la forme et la grandeur du globe terrestre.
L'arbre principal qui fournit le caoutchouc fut décrit par d'autres voyageurs français et s'appelle pour le botaniste Hévéa guyanensis.
L'Inde orientale et l'île de Java possèdent aussi des arbres dont la sève est particulièrement riche en gomme élastique ; ce sont les Ficus indica et les Ficus elastica.
Le procédé d'origine d'extraction du caoutchouc est proche de celui qui permet de recueillir la résine. Par de longues rainures verticales, ou obliques par la suite, entaillées dans le tronc, on amène la sève dans un récipient situé à la base. Ce récipient est fait de deux moules d'argile crue emboîtés l'un dans l'autre. La sève qui emplit l'intervalle ne tarde pas à se solidifier. Les moules sont brisés et on récupère une espèce de poire en caoutchouc d'un brun presque noir.
Au début, le caoutchouc naturel fut considéré comme une curiosité, mais on ne tarda pas à lui trouver mille usages : gomme à effacer, balles élastiques, tubes, sondes, canules, tuyaux acoustiques... Puis vinrent les chaussures, les étoffes imperméables, les jarretières et les pièces de corset féminin, etc...
Par adjonction de soufre, on passa du caoutchouc rose au caoutchouc gris dit vulcanisé et ses usages devinrent vraiment industriels. Aujourd'hui nous n'utilisons quasi plus que des caoutchoucs synthétiques (La production mondiale en 1993 était de 4,5 millions de tonnes de caoutchouc naturel pour 10 millions de tonnes de caoutchouc synthétique).
Avant de quitter les gommes et résines, nous devons parler d'un produit très proche du caoutchouc, dont on fit un usage important dans tout le monde industriel de la fin du XIXème siècle au début du XX éme siècle et aujourd'hui presque oublié : la gutta-percha.
La gutta était une résine récoltée en Inde et dans les îles de Malaisie et d'Indonésie comme Bornéo et Java. La méthode de récolte est la même que celle du caoutchouc- La gutta est inaltérable, imperméable à l'eau, inattaquable par les acides. De plus elle est à la fois souple et tenace. Les indigènes de l'Insulinde en faisaient des manches de haches et des vases.
La gutta arrivait en Europe, principalement d'Inde, en masses feuilletées sous forme de rouleaux ou de pains coniques. Après broyage et lavage, l'industrie la portait à une température de cent degrés environ. La gutta subit alors une sorte de fusion pâteuse permettant de la malaxer puis de la mouler en toutes sortes de formes qu'elle conserve en se refroidissant et en durcissant.
Avec la gutta-percha, on fit aussi bien des conduits pour les eaux que des cuves pour galvanoplastie, des robinets, des pistons, des appareils de chirurgie et de physique, des ustensiles de voyage et des articles de fantaisie.
C'est avec des fils télégraphiques isolés par un enrobement de gutta-percha qu'on relia pour la première fois l'Europe à l'Amérique. La perception humaine de l'espace et du temps en fut pour toujours modifiée.
La Gutta est toujours utilisée, entre-autres, en dentisterie et pour les balles de golf.